Il est bien difficile
Je ne vous apprends rien
De basculer sept fois
Par jour, quelquefois neuf
Je n’ai pas tellement compté
De basculer de basculer
J’ai froid j’ai chaud
J’ai faim la bouche encrassée
Les mains collantes
Le linge de corps amolli
Et cinq mille ans d’idées
Pour se climatiser la caboche
Patinent au travers
L’invention du lavabo
Les araignées n’ont pas
De crampons pour la faïence
Il est bien difficile
Je ne vous apprends rien
De s’enlever du crâne
La permanence alambiquée
Des constances avec lesquelles
On a grandi
L’hiver carnassier
L’été sur le point d’imploser
Les routes adhésives
L’espadrille râpée dans les cailloux
Les montées d’anéantissement
Au moindre pet de travers
La poudre et les mèches
Les bricolages intensifs
L’énormité des romans
Gobés dans la nuit
Quelquefois je mords
Le haut de mon bras et j’attends
La seconde serveuse de l’hôtel
Aurait besoin d’un démarreur
D’une piqûre de fioul
D’avaler une abeille
Je viens tout juste de rentrer
Du monde général
Toute la nuit m’enlève
La mauvaise santé
Toujours je voudrais garder
Mon oreille d’espion
Dans les conciliabules
Et les tremblantes
Et les trafics de plumes
Et les risques d’incendie
Et laisser dans des caches
Des rapports de deux lignes
Denses comme des formules
Chimiques déclenchables
Quelquefois je reviens à la vie
De quartier, tout à fait indemne
Je me réveille au monde
D’avant les catastrophes.
Merci.
Bar le Duc, Hôtel de la Gare, le 27 juin 2007