La lune est jaune au ciel
La cathédrale est comble
Et bruisse et bruisse
La chorale lorgne à gauche
Et puis les acteurs cessent
Et la chorale fausse
Un fil de fumée crasse
Tord la messe
Les veuves se ramassent
Les cierges penchent
Les verrières bombent
Et puis se lâchent
L’oxygène poisse, sirop de cendre
Les hormones flèchent
On l’écharpe à coups de sang :
C’est officiel, la cérémonie flanche
Et tandis qu’à coups de cloches
On sonde l’espace
D’ardents porte-parole vous tuent la tête
Ou vous étranglent au sas
On se sent pieuvre
On se sent rare
On est si vaste et combustible
Arbre vivant, un saule, un tremble
Un feu d’ambre pâle incise l’ombre
Autour de la nef et les bois
D’origine inconnue
L’incendie suit son cours
Un instant boursouflé
-Oh les volées de molécules-
Par la prière verticale si vive :
Suif sur la cathédrale comble.
Printemps 1987, Belfort