Ma petite fille dit : Là, c’est le jour, et puis après la nuit Et après le jour.
L’eau coule du robinet La maison est chauffée Les interrupteurs sont reliés à la lumière Nous mangeons vraiment tous les jours Apprendre à lire, à écrire, à jouer, dormir, être cajolé
Nous écoutons les nouvelles à la radio Nous méprisons la télévision Et nous comprenons la publicité Nous savons que l’argent mène le monde Et d’autant mieux depuis Que les ordres modulent l’électricité Nous rêvons d’espaces débarrassés Mais nous savons que les espaces Ne s’arrêtent plus à leur frontière apparente Le monde est tout rond et l’embarras circule
Nous voulons confusément revenir À un moment du monde où les détritus Avaient peu de chance de passer l’hiver C’est une pensée lancinante Elle s’avère pratique pour vendre des yaourts Des vêtements de pluie Des magazines imprimés sans chlore Des voyages authentiques mais garantis Des assurances
Nous observons le gouvernement Rouler aussi vite que possible
Nous observons le gouvernement Rouler aussi vite que possible
Nous envoyons des œufs durs sur la planète Mars Et je me demande si nous les avons bien stérilisés Il y a des précédents Nous avons nettoyé l’Amérique du sud avec la vérole
Malgré tant d’inepties Nous faisons notre part Et allons aussi bien que possible
Nous écrivons dans les journaux Nous lançons des messages Nous nous lisons Quantité de faits et gestes Sont épinglés, commentés, répercutés Sans qu’ils nous concernent intimement Nous admettons leur importance logique Malgré tant d’inepties Nous faisons notre part Et allons aussi bien que possible.
Nous cherchons comment résister Et à quel endroit frapper Mais l’expérience a montré Que les idées contrariantes appliquées violemment Opèrent quand elles aboutissent une simple bascule B remplace A dans une équation stable
Nous savons que transformer l’énergie En dissipe une part À l’échelle Des grands mouvements directeurs De l’économie et de la diplomatie La part dissipée en pure misère En réduction du lointain En appauvrissement du vrai N’entre dans les rapports qu’à titre commémoratif Et jamais, dans les bilans prévisionnels Qu’en termes de restauration d’image
Nous entendons la gauche Dénoncer l’entreprise de la droite Avec un beau mot -démolir- Qui doit provenir d’un sondage Nous n’aimons pas non plus ces gens Qui tâchent de nous séduire
Les fruits ont l’air de sortir de prison Il faut absorber chaque jour Quantité de quantités minimales Pour se tenir debout Les études le montrent C’est assez pratique On a vendu, par le passé, d’autres formes de santé Les catholiques monnayent des espèces d’exonérations
Nous dressons des listes de récriminations Nous savons qu’il ne faut pas trop se plaindre L’eau coule du robinet La maison est chauffée Il est, à l’heure actuelle, encore possible De griller une cigarette
Nous essayerons de vous tenir au courant De l’évolution des choses.
Pour résumer les choses, l’ère informatique préfigure, avec ses images, ses schémas, son style de connerie, une nouvelle façon de comprendre notre présence au monde.
Pour résumer les choses, nous mâchons l’air et la plupart des détails s’en vont dans la déglutition. Nous pouvons verser le langage aux systèmes d’échantillonnage.
Pour résumer les choses, à ce stade du tralala quantique, je barbote dans ce système d’explication du monde depuis quatre mois et ça pourrait durer sans épuiser aucun détail.
Pour résumer les choses, le monde est indescriptible. Pour de nombreuses raisons, c’est insupportable et il faut opérer en continu des fixations déterminantes arbitraires.
Pour résumer les choses, il est anormal de chahuter ici des concepts arrachés à l’opacité du monde par la physique, à grandes lampées de fixatif et aux frais du contribuable.
Pour résumer les choses tout à fait, il devrait être entendu que l’ensemble des méthodes que nous employons à tout bout de champ pour résumer le monde n’est que cela.
Une espèce de tentative de garantir les affaires. Nous suggérons de bouger dans le brouillard, avec aussi peu de visibilité que dans le noir, mais sans craindre de tomber.