On entre au couvent pour la nuit
La garrigue a cisaillé les vitres
On est au balcon du vieux couvent
Débraillé comme un hôtel de passe-passe
On est au bord de la ville
L’air est cabossé comme l’eau courante
Un dépôt d’os magnétise l’arrière salle
Ici loge un gang de crânes
Ça sent la terre
Les ronces et la nuit descendent l’escalier
Puis tout l’air noircit et la ville se perd
Nous jetons nos bouffées sur les pauvres morts
Ça sent la terre et la pluie
La nuit parcourt l’hôtel
Dans l’arrière salle, Maguelonne nage nue
Et je vois la tendresse de notre espèce de bateau
On est au bord d’un lac gelé
Respirable et profond comme l’air
Assise au centre, Maguelonne, superbe
Décalotte avec les dents ses truffes au cacao
On est au bord du dallage froid
En bas la ville se déplie
On loge au vieux couvent désaffecté
Ça ferme avec un cordon de molécules d’alcool
Balcons fendus, fenêtres mortes
On est au bord de soi
On est au bord de la ville
Nos frissons se jettent aux oiseaux
Les ombres du plein jour partent au jugé
D’ici vers la ville
Oh, Maguelonne a la peau si tendue
Dans cet air explosible.
Sans date