Au moment où nous entrons dans le boyau
Sale compagnie à tête de chien
Barda pour trois semaines c’est-à-dire
Sans soleil, sans pain, sans nuit
Quelque chose nous arrête, bruit d’aile
Ou battement artériel du terrain
Une épine épingle ton sac de combats
Et tu le vois, au ciel, un œil, non ?
Pour l’instant nous tenons la totalité du monde
Pourquoi nous entrons, qui sait ?
A-t-on besoin d’enfoncer des gars
Au flanc de la colline ? On l’a rasé déjà
N’attendons rien de l’officier qui sait
Nous marchons, verrons bien.
Au moment où nous sortons du boyau
Sale compagnie à tête de taupe
Barda pour plus rien, c’est-à-dire du chien,
Gale, soif, tourner après sa queue
Quelque chose nous empêtre, la broussaille
Minérale du soir, pleine d’yeux
La ronce assaille la crasse, huit semaines en bas
Et tout l’embarras du quant-à-soi
Pour l’instant, nous tenons la totalité du terrain
Pourquoi nous en sortons, qui sait ?
A-t-on besoin d’extirper les gars du flanc
De la colline : elle a déjà fermenté
N’attendons rien de l’officier qui savait
Mais respirons, verrons bien.
Au moment où nous explosons le boyau
Sale compagnie à tête d’emploi
Basta pour les enterrés, le monde est neuf
De ce côté nous avons faim
Quelque chose nous agace, un bruit d’aile
Et le sang cogne aux tempes, tu sais bien
Une épine te déchire l’oreille, nous surveillons
Du sommet, l’avancée de l’ombre
Pour l’instant, nous tenons la totalité du monde
Connu, pourquoi nous en sortons ?
A-t-on besoin de dissoudre ces grands types
Dans le silence d’oiseaux des collines ?
Ne voulons rien des derniers rayons,
Frémissons, frémissons, verrons bien.
29 mars 2004, 2h, Douarnenez